« 24 PRÉLUDES » piano solo

Sortie en cd le 23/04/21 chez mazeto square. Enregistré chez Pierre-Yves Gardand en octobre 2020. Prise de son et mixage : Fabien Robbe, Mastering : Ludo Mesnil.

teaser lors de l’enregistrement
les 24 préludes en version dématérialisé
24 préludes préface D.Squiban
inside

Fabien Robbe offre ici son deuxième album de pianiste en solitaire, une suite de vingt-quatre préludes dont la parution coïncide avec une étape qu’il de sa vie qu’il voit comme symbolique, le passage à la quarantaine.
…Sans mauvais jeu de mot, étant donné l’époque confinée où paraît ce disque. Justement, ces préludes, qu’il a commencé à noter en 2017, parcourent le fil tendu entre contrainte et liberté. Les préludes qu’ont laissé les pionniers de cette « forme sans forme » proposaient un défi, un challenge, une petite pierre d’achoppement destinée à stimuler la créativité. C’est le paradoxe du prélude. Il y a un
fil rouge, mais on ne sait pas exactement ce qui va se
passer. C’est comme la vie de tous les jours.
La vie de tous les jours est le sujet, précisément le sujet, de ce nouveau travail. Fabien Robbe y met beaucoup des lieux qu’il visite, auxquels il retourne, et des familiers qu’il côtoie. C’est un disque proprement autobiographique. Il faut bien l’imaginer comme un Chopin, qui a beaucoup fait pour populariser le prélude, – une figure romantique arpentant sa
Beauce natale et sa Bretagne d’élection, un mot-clé
naissant de ses impressions, une musique apparaissant du mot-clé ruminé. D’ailleurs il ne renie pas Chopin, au contraire, il avoue que c’est lui qui l’a mis au piano. D’ailleurs, il écrit à la main. Ça aussi, c’est le romantisme. Oui, sa musique naît sans le piano, avant le piano, elle précède la technique. La musique ce sont les lieux et les gens qui vous font l’honneur de vous accueillir. Le reste, ce ne sont que moyens techniques à mettre en œuvre – ce qui
explique la carrière diverse de Fabien Robbe, depuis les orchestres dansants et traditionnels, Menestra, Tribuil, à travers le free jazz (Da Bep Lech’h en solo chez Improvising Beings, puis deux disques en association avec Jérôme Gloaguen, dont Gardez Votre Sang-Froid, recueil d’inédits de François Tusques, paru chez Mazeto Square), jusqu’à l’électronique expérimentale (Anima Animus,
également chez Mazeto Square, Behind The Mirror chez MuteAnts Sounds). Diverse, mais stylistiquement cohérente. Ces expériences (et ces figures) se retrouvent donc dans les préludes. Mais réduites à une expression simple (plutôt que la proverbiale « plus simple expression »). Prélude : une forme qui proclame que point n’est besoin de plus. De même que les poèmes qui accompagnent le disque, le piano-prélude esquisse une référence, mais l’imaginaire doit remplir les blancs. Comme il l’entend. L’auditeur n’est pas invité à s’arrêter, à se fixer. L’ambiance d’abord – le prélude n’est-il pas un ancêtre de la musique ambient ? L’inspiration, surtout quand elle est dictée par d’autres musiciens (pêle-même, Chopin, Debussy, François Tusques et donc Monk et Bud Powell), ne veut pas dire « faire comme ». On entendra dans ces vingt-quatre préludes des clins d’œil, la citation est dans le jazz, c’est comme ça, mais pas de pastiche. Des emprunts techniques ou mélodiques, oui, des marqueurs : un coup de gavotte, mais c’est pas le bon rythme, le prélude en sol majeur de Chopin, encore lui, qui traîne dans une main gauche. Des hérésies ludiques : un blues en mode majeur, une toccata de Bach mâtinée de Mal Waldron. Bref, vingt-quatre façons de bien s’entendre avec le piano, avec qui il a eu une histoire… Parfois chaotique ;hommage est rendu aux «grands barbus », dixit, qui l’ont snobé à l’entrée du conservatoire… Parfois apaisante ; depuis gamin, il voulait composer, et ce disque marque la plénitude de « l’état de compositeur », après la conquête des « états d’urgence » collectifs d’un disque précédent…
Avec tout ça, il ne sait toujours pas jouer Chopin. De toute façon, ça le faisait ch*** de massacrer une énième fois les grands compositeurs. Autant se massacrer soi-même.
Chacun ses standards